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Dossiers politiques

« Prenez le pouvoir, engagez une révolution citoyenne qui se prolongera au-delà de l’élection. » C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon a signé sa profession de foi, et son appel à de grandes manifestations à l’occasion du 1er Mai ne laisse aucune place à l’improvisation. De plus, blessé par ce dévissage dans les urnes, il ne fera aucun cadeau à ces socialistes qui l’ont souvent méprisé.
« Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe, se tendre la main par-dessus les mers » pensait Victor Hugo au milieu du 19ème siècle. Cent ans plus tard, c’est Winston Churchill qui lançait l’idée, en 1946, des Etats-Unis d’Europe, une Europe que de Gaulle voyait peut-être « de l’Atlantique à l’Oural ».
Quoi qu’il en soit, ce qui fut d’abord un traité entre quelques pays sur la libre circulation de matières premières, avec l’idée d’y inclure d’emblée une Allemagne défaite, est devenu au fil des décennies une véritable entité économique et politique. Mais a-t-on vu trop grand et trop vite ?
Cette Europe qui fonctionnait plutôt pas mal à 15 serait-elle devenue une usine à gaz à 27, et ce après les deux vagues successives d’adhésions de 2004 et 2007 ?
Si disons jusqu’à vingt heures le dimanche 22 avril chacun va camper sur ses positions, on sait, et c’est bien la logique de ce type de scrutin, qu’à partir de vingt heures et une minute une autre campagne électorale débutera, plus courte certes, mais cette fois-ci décisive. A partir de cette première minute du reste de leur carrière, les deux finalistes auront le devoir de faire bouger les lignes.
François Hollande quittera son costume de social-démocrate emprunté à Schröder ou Zapatero pour commencer des vocalises sur le refrain de « l’Internationale » (l’avenir du genre humain), et c’est Mélenchon qui mènera la cadence presto gauchissimo : on ne fera pas dans le menuet intimiste mais dans le chant révolutionnaire. Quand on se pique avec une rose, c’est du rouge qui coule !
Quant à Nicolas Sarkozy, il oubliera sur le champ son escalope chez le boucher halal du coin pour nous vanter le plus grand président que la France a connu, disons après de Gaulle, à savoir Valéry Giscard d’Estaing. Et lui par contre devra se mettre au menuet, une spécialité de la vieille UDF, une plaisanterie musicale que l’on interprète au clavecin dans les salons d’une certaine bourgeoisie nostalgique de la particule. D’ailleurs beaucoup en ont achetées ! Car n’oublions pas que le sang royal coule dans les veines du MoDem à travers cette parenté UDF dont le canal historique trouve son origine chez les Républicains Indépendants, les RI de VGE.
Le jour où Mohamed Merah, le meurtrier de Toulouse, était abattu, Nicolas Sarkozy proposait de pister les internautes habitués des sites djihadistes, une idée aussitôt critiquée par certains qui ont vu là une atteinte aux libertés, mettant en avant les recherches effectuées par exemple par des journalistes. Evidemment, on peut ne pas faire l’amalgame entre quelqu’un qui consulte ces sites à titre professionnel, soit pour rédiger un article ou préparer un rapport, et celui qui passe des heures sur la toile à consulter le djihad virtuel dispensé par les conférenciers d’Al-Qaïda depuis quelques bases montagnardes à la frontière pakistano-afghane.

ROUGE

19/03/2012
« Il suffira aux soviets de punir de la confiscation de tous leurs biens ou d’un emprisonnement de courte durée les capitalistes qui se refuseront à rendre les comptes les plus détaillés ou qui tromperont le peuple, pour briser sans effusion de sang toute résistance de la bourgeoisie. Car c’est précisément au moyen des banques, une fois qu’elles seront nationalisées, au moyen des associations d’employés, des coopératives de consommation, des syndicats, que le contrôle détaillé deviendra universel, tout puissant, omniprésent, invincible. »
Voilà un copier/coller que Jean-Luc Mélenchon aurait pu effectuer, car après tout il n’y a rien à enlever pour en faire un extrait de discours du leader du Front de Gauche. Au fait, l’original est de la main d’un certain Lénine, et il date de 1917. Comme quoi en un siècle, rien n’aurait changé ici bas en Europe…
Depuis 1981 et le coup de tonnerre de la victoire de la gauche, victoire que rien apparemment ne prédisait à seulement trois mois de l’échéance (sauf pour ceux qui savent regarder les courbes qui se croisent), aucune présidentielle n’a ressemblé à la précédente. Finalement, à chaque fois, sauf peut-être en 2007, ce fut une surprise à l’arrivée, voire un rétablissement digne du meilleur des équilibristes, à l’instar de la réélection de François Mitterrand en 1988 ou celle de Jacques Chirac en 2002.
« S’il fallait désigner le moment où, me semble-t-il, le compte à rebours s’est déclenché, je choisirais cette crise de novembre-décembre 1995 où la France a donné le spectacle d’un pays crispé dans le refus des réalités et le confort de ses illusions. » Ne cherchez pas l’auteur de cette phrase parmi les postulants au titre suprême, nous la devons à François de Closets, et elle est issue de son livre « le compte à rebours » (chez Fayard) paru en 1998.
Quatorze ans et nous n’enlèverons rien de ce « pays crispé dans le refus des réalités et le confort de ses illusions. » Ou alors je me trompe, ou plutôt les sondages tirés en rafales et tous glorifiant le score à venir de monsieur Hollande ne sont que des balles à blanc destinées à effrayer le bourgeois de droite ? 
Car lorsque le candidat Sarkozy parle des retraites qu’il a sauvées, de l’épargne des Français qu’il a préservée, et des salaires et pensions qui n’ont pas baissé contrairement à ce qu’il est arrivé chez nombre de nos voisins… son challenger de la pole position lui répond quelques minutes plus tard qu’il ramènera la retraite à 60 ans et la fera payer par les riches, qu’il créera des dizaines de milliers d’emplois publics qu’il fera financer par les riches, et que la crise mondiale n’est qu’une invention d’un Président qui a donné l’argent des pauvres à ses riches amis. Et la foule d’applaudir car on lui promet « le confort de ses illusions » !
Quelle tristesse de voir revenir les vieux démons de 1981, ceux qui s’appuyaient sur le bolchevisme à la française, ceux qui dénoncent encore une classe ouvrière livrée aux démagogues dominateurs, ceux qui dressent un camp contre l’autre en stigmatisant les « très riches » coupables de tous les maux de la France, ceux qui s’adressent à un pays ravagé par les inégalités. Cette machine infernale tourne à plein régime depuis quelques jours, alors qu’on la croyait rangée au musée de Solferino depuis que le parti s’était laissé séduire par la finance internationale de son ex-futur champion DSK. Machine infernale qui peut aussi se transformer très vite en machine à perdre.
Alors on cherche ce qu’il y a de plus bas, des Français de plus en plus mal soignés, mal protégés, vivant en-dessous du seuil de pauvreté, se nourrissant aux Restos du Cœur par bataillons, on évoque cette « précarité galopante » (le galop ça va encore plus vite !), la casse des services publics alors que le caviar se déguste à la louche dans les beaux quartiers. Mais dans quel pays vivons-nous, comment pouvons-nous supporter une telle dictature qui a laissé le revenu des Français croître de 50% en trente ans et qui consacre 56% de son PIB pour les dépenses publiques (un record mondial), et 33% de ce même PIB pour la seule protection sociale (autre record) ?
Mobilisation générale ! Voilà le mot d’ordre que l’on aimerait entendre sur les estrades et lire dans les programmes électoraux. Mobilisation générale des énergies, de l’intelligence, des savoir-faire, du courage, et bien sûr des moyens financiers, mobilisation générale des hommes et des femmes qui ont compris qu’il est désormais question de sauver l’essentiel de ce à quoi nous tenons, de ce qui fait de nous autres, Français, l’un des peuples les mieux protégés de la planète.
Ce qui se déroule en Grèce sous nos yeux devrait nous inciter à plus de mesure dans notre expression de frustration, de mécontentement, de révolte, d’envie de « tout faire péter » comme on peut parfois l’entendre, comme si tout s’était déglingué en quatre ou cinq ans – depuis 2007 nous le rappelle-t-on à l’envi -, comme si seulement quelques hommes étaient responsables de cette crise économique, mais aussi identitaire, qui touche aujourd’hui une grande partie de l’Europe, et principalement le sud de l’Europe.
« Après cinq ans de mandat de Nicolas Sarkozy, il n’y a aucun contre-pouvoir » se lamentait Cécile Duflot la patronne des Verts le 7 février dernier au journal de i-télé. Voilà bien le genre de phrase lâchée à l’emporte-pièce, pour faire un genre, pour avoir l’air de s’y connaître, un acte de résistance extraordinaire, si j’ai bien compris, face au pouvoir sans partage du Président actuel. On aurait pu alors s’attendre à une suite à cette phrase, une suite initiée par l’un des deux journalistes présents lors de l’interview. Mais non.
« Aucun contre pouvoir » ? Mais faut-il rappeler à Madame Duflot, pourtant jamais en retard d’un conseil ou d’un constat qui ne souffre aucun contradiction, que la gauche détient actuellement toutes les régions, les deux tiers des départements, quasiment toutes les villes grandes et moyennes, et désormais le Sénat, sans oublier les centrales syndicales presque toutes de pensée de gauche, sans oublier les associations de ci et de ça qui squattent les médias. Aucun contre pouvoir alors que nous avons passé l’année 2011 en compagnie des états d’âme du Parti Socialiste des déboires de DSK aux primaires. Qu’est-ce que Cécile Duflot appelle un « contre pouvoir » ? Le seul fait qu’aucun journaliste ne lui pose la question permet d’en ajouter un autre à cette liste : la presse. On ne va quand même pas nous dire que Sarkozy verrouille la presse ? Ou bien il le fait très mal, car pas un journal, pas une radio, pas une télé qui n’a de cesse de déverser des tombereaux de boue – quand ce n’est pas de la haine – sur le Président.
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