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Des rouges de caractère

28/01/2015
Débutons l’année avec de bonnes résolutions : oser, diversifier et voyager de vignoble en vignoble. On peut être très Bordeaux, résolument Vallée du Rhône ou encore passionné par la palette des Vins de Loire, et pourtant on peut encore avoir envie de découvrir des cépages et des appellations qui nous sont moins familiers.
Cette dégustation non exhaustive vous donnera un aperçu de ce qu’on peut trouver de remarquable à des prix plutôt doux, même pour des crus haut de gamme…

Pour débuter, voici un drôle de trio qui se positionne d’abord au nord côté Bourgogne avec un Chambolle Musigny Clos du Village 2012 du Domaine Antonin Guyon (21420 Savigny-Lès-Beaune), 100% Pinot noir issu de vignes âgées d’environ 35 ans. Nous sommes au centre de la Côte de Nuits, on parle de délicatesse et d’élégance sous des arômes de « petits fruits », ou encore de soie et de dentelle. Du vrai travail d’artisan. Violette, épices, vanille nous préparent à une fabuleuse richesse en bouche. Un excellent vin de garde qui siéra à un filet mignon (41,00 €).

Plus au sud, voici les Vignobles Orliac (34270 Valflaunès) en AOP Terrasses du Larzac (une appellation qui a fait ses débuts officiels en octobre 2014) avec un Clos du Prieur 2012 né d’un assemblage Syrah (75%), Grenache et Cinsault : un rubis en bouteille qui nous rappelle que le Larzac est un endroit de terres sauvages, arides, d’où ce côté rebelle de ce rouge qui nous rappelle l’olive méditerranéenne confite. C’est un vin fier, gourmand, plein de promesses, et qui les tiendra avec un petit gibier par exemple (15,95 €).

Et encore plus au sud, place au Madiran du Château Peyros en Vieilles Vignes 2010, un Tannat à 80% (avec Cabernet Franc) né sur des vignes de 50 ans. Puissant, racé, il nous sert des tannins veloutés, on aime son côté ostensiblement fruits noirs, il y a un zeste de gras et du caramel quelque part, ce rouge est long, passionnant et passionné de magrets et foie gras. A 11,00 € c’est une affaire ! 

 

Une suite en rouge majeur…

100% Malbec, un mariage du chocolat et de la réglisse, du fruit très mûr, une livraison d’épices rares venues de loin et une longueur qui nous laisse le temps de compter jusqu’à l’infini au moins deux fois, c’est le Cahors du Château Eugénie (46140 Albas) qui mériterait peut-être de rester au menu jusqu’au dessert au chocolat : ample, frais et goûteux, il est sublime (20,00 € départ cave).

Merlot pour moitié (avec cabernet Franc et Sauvignon, malbec, Syrah et Grenache), c’est le Baron’Arques 2003, Limoux rouge du domaine Philippine de Rothschild (11300 Saint-Polycarpe). Nous allons faire dans le suave, l’onctueux mais jamais « pâteux », nous allons découvrir un vin complexe où cacao, fruits confits, épices participeront à exalter la fin de bouche affolante de ce vin arrivé à maturité. Un grand moment en perspective pour seulement 32,00 €.

IGP Méditerranée pour ce « Black Sublim » 2011 du Château Les Amoureuses (07700 Bourg Saint-Andéol). C’est annoncé vieilles vignes d’un assemblage Grenache, Syrah, Merlot et Carignan, pour un rouge qui a viré quasiment noir en robe. Pas de deuil mais une fête du nez et de la bouche, une personnalité rare qui doit fumer un tantinet, on a bien trouvé du tabac, les tanins sont bien élevés et propres sur eux, il y a de la puissance, une note chocolatée, et un côté je m’incruste chez vous, ressortez le fromage ! Merveilleux, inoubliable  et « Sublim » à 34,70 €.

 

Prieuré et Château

Syrah, Grenache et Mourvèdre, et encore de l’exceptionnel à prix modéré (26,00 €) pour ce rouge AOP Coteaux du Languedoc 2011 présenté par le domaine du Prieuré de Saint Jean de Bébian (34120 Pézenas). Robe grenat, majoritairement fruits rouges (et pruneau), mais avec des apports vanillés et fumés, voici un rouge de gibiers certes, mais son côté complexe et exotique pourra convenir à une cuisine de voyage genre tajine ou canard laqué. Il est plein en bouche, généreux, structuré avec des tanins qui ont choisi le camp de la délicatesse à tout prix. On aime.

On va l’associer dans cette rubrique à un grand classique de ces colonnes, le splendide et très efficace Château de France rouge 2011, un fleuron de l’appellation Pessac Léognan (33850 Léognan), deux tiers Cabernet Sauvignon, un tiers Merlot. Là encore, place au rubis en flacon, place aux fruits noirs, au boisé délicat, aux tanins généreux et polis, place à l’élégance d’un grand vin de Bordeaux à la fois puissant, un brin minéral et toujours frais. Terrine, côte de bœuf et agneau feront le bon choix. Vous aussi ! (20,30 €).

 

Côte Rôtie et Cornas

Deux 100% Syrah de la Vallée du Rhône, presque des voisins, le premier nous vient des collines surplombant le Rhône du côté d’Ampuis dans le 69, le second est quasiment le plus méridional des Côtes du Rhône septentrionales, ils sont Côte Rôtie et Cornas, deux fleurons de la région.

Côte Rôtie Vidal Fleury 2010 cuvée « Brune & Blonde », nous ne sommes pas tout à fait avec un 100% Syrah puisque 5% de l’assemblage nous viennent du Viognier. Ici, du côté des terrasses granitiques qui font face au fleuve, la côte blonde est sud-ouest, la côte brune est nord-est, et pour les mettre d’accord, la maison Vidal Fleury (69420 Tupins et Semons) est ce qu’on fait de mieux dans le genre, songez que son premier client américain avait pour nom Thomas Jefferson, et nous étions en 1787. D’où le respect pour ce rouge façon cardinal en robe, riche en fruits croquants, frais, mêlant truffe et violette, puissant pour le côté « brune », et délicat pour le côté « blonde », on le dira un tantinet capiteux, idéal pour le gibier ou un civet de lièvre (40,00 €).

Millésime 2010 également pour ce Cornas proposé par la Cave de Tain (26600 Tain l’Hermitage), belle maison qui vient d’obtenir le titre très convoité de « Cave coopérative de l’année ». Le « très bon vin noir » comme on le qualifiait au 18e siècle, issu d’un tout petit terroir, n’en finit plus de surprendre millésime après millésime par son côté capiteux et racé. Des tanins parfaitement structurés, un nez poivré et épicé, quelques notes torréfiées en fin de bouche, voilà ce qui fait la typicité de ce rouge qui marie fruits rouges et noirs pour le meilleur du meilleur. Et vos gibiers et fromages apprécieront autant que vous (17,50 € départ cave).

Petit détour par du blanc et des bulles, pour parler d’un voisin et de la même Cave de Tain avec le Saint-Péray Blanc Brut à 70% Marsanne (et Roussanne) : robe jaune pâle à reflets verts, du fruit et de la fleur (et de la pomme !), une belle prestation sous la bulle, c’est le moment de l’apéritif avec cette appellation peu connue mais terriblement efficace (y compris en blanc tranquille). 9,00 € départ cave.

 

Rouges du sud toujours…

Prestige 2010 Ortas Cave de Rasteau (84110 Rasteau), place au Grenache (50%) accompagné de Syrah et Mourvèdre pour produire sous le soleil exactement un rouge généreux, chaud, grenat en robe, sensuel, charmeur, encore un peu sauvage sous la pierre chauffée, le thym et le laurier sont dans le jardin, servons-nous bien, la fin sera soulignée par le poivre et la cannelle, bigre ! serions-nous en train de boire un très grand vin à seulement 10,00 €.

On prend une chambre à l’hôtel puisque nous restons sur place pour un autre rouge de la Cave de Rasteau, celui du Domaine Pisan, issu du même assemblage que le précédent, et qui nous vient de vignes vieilles de 40 ans environ plantée à 300 mètres d’altitude avec vue sur le Ventoux. On ne peut pas faire plus naturel et plus sauvage dans le décor. Voici un rouge dense, ample, qui tient toute la bouteille, on le sent floral, épicé, sous l’influence de tanins fermes, de quoi faire plaisir à tout le monde très vite pour seulement 13,00 €.

Passage dans le Médoc entre Atlantique et estuaire de la Gironde au Château la Tour de By (33340 Bégadan) pour découvrir un rouge à la robe rubis, élégant, plein de fruits rouges, qui a gardé quelques souvenirs des sous-bois de promenade. Un rouge aussi assez harmonieux aux tanins souples, et qui n’hésite pas à nous offrir un petit bâton de réglisse sur la longueur. Idéal avec des magrets ou un carré d’agneau aux herbes (18,00 €).

« Vintage Charles Dupuy » 2008 pour ce Grenache noir à 100% présenté par le Mas Amiel (66460 Maury), nectar ou ambroisie des dieux à la robe presque noire, aux arômes fruités et confits (et fumés) mûre/myrtille, frais et vanillé, admirablement structuré et fait pour durer aussi longtemps que le temps du dessert, et que l’on conseillera pour accompagner une belle tarte aux fruits ou un dessert fort en chocolat (34,00 €).

 

Un trio de Saumur

Un trio de Saumur pour ouvrir le chemin du Val de Loire avec trois vins tranquilles de la Maison Ackerman (49412 Saumur) dits « Secrets des Vignes », trois AOC Val de Loire : un Saumur Champigny rouge 2012 100% Cabernet Franc,  à la robe rubis foncé, ostensiblement fruits rouges (avec un bouquet de violettes), aux tanins discrets, plutôt frais dès l’attaque, et que l’on dira bien charpenté. Une bonne idée pour accompagner une terrine ou un faisan rôti (11,90 €).

Les blancs seront tous deux 100% Chenin, l’un est un Saumur Blanc 2011 d’un doré limpide, minéral au démarrage, ample ensuite, un blanc sec et fruité, direct avec une belle matière et de la fraîcheur, on le réserve pour un poisson grillé ou des crustacés (8,90 €)… L’autre est un Coteaux de Saumur 2011 issu de raisins riches et bien concentrés, on le sent brioché et des notes confites nous rappelleront les tartines de confiture du petit-déjeuner, ce blanc est suave, assez long en bouche, voire persistant, on sait déjà que le foie gras lui conviendra, et ça tombe bien, à nous aussi ! (14,90 € la bouteille de 50 cl).

 

Et les trois du Domaine Ferraud

Jean-Michel et Yves-Dominique Ferraud (69823 Belleville) sont à la tête d’une belle maison du Beaujolais, réputée depuis plus d’un siècle, leurs vins sont sur les tables célèbres à Paris comme Lipp ou la Closerie des Lilas, et sur la carte de nombreux étoilés Michelin et Relais & Châteaux. Chez Ferraud, on exporte vers une cinquantaine de pays les Beaujolais, Bourgogne et autres vins de la région.

A l’instar de ces trois vins proposés aujourd’hui : d’abord, ce Juliénas 2013 « Les Ravinets », produit sur la commune de Pruzilly, un Gamay en cépage unique bien sûr, d’un rouge tendance rubis, fraise et groseille dans le verre, offert avec un bouquet de violettes, un vin charpenté, élégant et vif, qui conviendra à merveille avec un petit gibier à plumes ; ensuite, voici le Moulin à Vent – le plus majestueux des Beaujolais -, Gamay également, tannique, ostensiblement cerise sur l’arbre, harmonieux avec son côté épicé et délicat, un vin pour une viande rouge, mais que l’on pourra garder peut-être dix ans ; enfin, 100% Chardonnay, c’est le Pouilly Fuissé « L’entreroches », né près de la Roche de Solutré un peu en altitude, un blanc fier, un tantinet rustique, vrai, minéral quand il veut, flatteur avec ses reflets dorés, on aime sa vivacité et sa fraîcheur, on sait qu’il sera parfait à l’apéritif, puis avec un poisson ou des fruits de mer.

 

Quelques bulles et vins de dessert…

60% Pinot noir et 40% Chardonnay, c’est l’assemblage magique de ce Champagne Chassenay d’Arce Extra brut (10110 Ville-sur-Arce) à la robe d’un jaune pétillant et brillant et à la bulle virevoltante : nez épicé et floral, une attaque franche qui déroutera les adversaires embusqués, l’équilibre est parfait et la fin dans l’harmonie du couple Pinot-Chardonnay, la longueur est sereine. 22,00 € départ cave.

Champagne encore avec ce Drappier (10200 Urville) Brut Nature Rosé, un pinot noir en cépage unique qui ne partage pas pour nous offrir des arômes fraise-framboise comme dans un bonbon, plus quelques agrumes pour la fraîcheur, un zeste de poire pour conclure, et des bulles pleines de vivacité pour une belle explosion dans la bouche. Admirable (34,00 €).

En 1811, un certain Ackerman lançait la méthode traditionnelle sur les bords de la loire. La cuvée Jean-Baptiste Ackerman est un Saumur Brut Rosé présenté en version magnum pour plus de plaisir et de convivialité sous le signe de la fine bulle de la Maison Ackerman (49412 Saumur), un effervescent majoritairement Chenin (70%) qui l’emporte dès le premier tour devant les Chardonnay et Cabernet Franc. Robe pâle, bulle extra légère, pomme et abricot aux arômes, on soupçonne un côté floral avec la fin de bouche que l’on dira plutôt persistante. Tant mieux ! Un Saumur pétillant parfait avec des Saint-Jacques (18,00 e le magnum).

Chenin, Chardonnay et Pineau d’Aunis pour Les Perles d’Anne-Sophie, perles rares montées façon diadème par Patrice Colin (41100 Thoré-la-Rochette) pour ce classique des bords de la Loire d’une merveilleuse richesse aromatique : noix, fruits secs et confits, léger souffle minéral, fin de bouche élégante et sensuelle, on va tenter l’affaire avec un poisson pourquoi pas (7,30 €).

Un dernier Crémant de Loire (mais pas pour la route SVP !), un Blanc de Noir que l’on doit encore à la Maison Ackerman, c’est un peu de l’or en bouteille avec des bulles aériennes, un équilibre entre fruits rouges et effet citronné, avec une belle longueur sur de l’amande grillée (8,95 €). C’est l’heure de l’apéritif !

 

 

En bref d’un peu partout…

On a parlé de Patrice Colin plus avant, le revoici en Coteaux du Vendômois avec ce Vieilles Vignes 2012 Pineau d’Aunis (60%), plus cabernet Franc et Pinot Noir : une robe pourpre, des fruits noirs confits, des épices et de la figue, on aime le côté bien élevé en institution privée des tanins, le fruit reste sur la longueur et c’est tant mieux pour l’esprit frais et plaisant de ce vin (7,50 €). De la même appellation, citons encore, avec le même assemblage, le vin de la Cave Coopérative du Vendômois (41100 Villiers-sur-loir), généreux, croquant, sans chichis, du plaisir au quotidien sans se ruiner (6,00 € départ cave).

Morgon de la Chanaise  2013, c’est le Gamay et Beaujolais de Dominique Piron (69910 Villié-Morgon) qui oscille entre rubis et violet, puis entre cerise et pêche, déjà bien charpenté malgré son jeune âge, un rouge qui a embarqué de la cannelle pour quelque voyage exotique, aux tanins présents mais pas envahissants, et qui bien sûr va assurer avec une belle côte de bœuf (9,50 €). Oui, il y a encore beaucoup de Beaujolais remarquables !

Un vin d’Ardèche moelleux qui nous vient du muscat à petits grains et de la Cave Coopérative d’Alba la Romaine (07400). « Ninon » est son nom, millésime 2012 pour l’état civil, et croyez-le ou pas, cette bouteille de 50 cl a des airs de lingot d’or. Dans le verre c’est de l’abricot, un soupçon de menthe et de rose, voilà un moelleux frais, ample, soyeux, souple, qui pourrait se faire une place en dehors du foie gras, pourquoi pas en apéritif, ou comme ça, pour rien, juste pour boire un verre entre amis avec des raisins confits en bouteille (11,90 €).

Les Saint-Joseph Courbis sont nés à Châteaubourg (07130) au confluent du Rhône et de l’Isère. C’est ici que les frères Courbis travaillent avec passion sur 34 hectares de vignes. Saint-Joseph rouge (100% Syrah), millésime 2012, à la robe rubis, voire pourpre, qui hésite entre framboise et cerise (à notre avis) avec une note poivrée fort agréable en bouche, souple et peu tannique, parfait pour les volailles (19,00 €), et Saint-Joseph blanc 2013, Marsanne à fond (avec seulement 3% de Roussanne), très pêche et abricot de la Vallée du Rhône, du fruit très mûr avec du miel pour l’onctuosité, mais il y a aussi la fraîcheur d’un sous-bois qui accompagne, c’est fruité et généreux et ça ira avec des fruits de mer (19,50 €).

 
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