Dans la jungle des compactes premium, la BMW Série 1 a longtemps joué la carte du plaisir de conduite et du fameux « plaisir de propulsion ». Avec la 116i 109 ch, on est sur l’entrée de gamme essence, celle qui promet le badge bavarois, une consommation raisonnable et un ticket d’entrée plus doux… du moins sur le papier. Mais face aux Audi A3, Mercedes Classe A & co, tient-elle vraiment la route ? Et surtout, est-ce un choix pertinent aujourd’hui pour qui veut rouler premium sans faire exploser son budget carburant et entretien ?
Ce qu’il faut savoir sur la BMW 116i 109 ch
Sous l’appellation 116i 109 ch, on parle ici des versions équipées du petit 3 cylindres essence de 1,5 L (code B38), apparu sur la Série 1 F20/F21 restylée à partir de 2015, en propulsion. On croise aussi ce bloc sur des MINI et d’autres BMW compactes.
En chiffres, ça donne :
- Puissance : 109 ch à environ 4 000–6 000 tr/min
- Couple : 180 Nm, disponible assez bas
- 0 à 100 km/h : autour de 10,9 s (boîte manuelle)
- Vitesse max : environ 200 km/h
- Consommation mixte réelle : 6,0 à 7,5 L/100 km selon conduite
On est loin d’une sportive, mais ce n’est pas le but. L’idée, c’est une compacte essence plutôt sobre, fiscalement intéressante, qui permet d’accéder au monde BMW sans passer par la case 120i ou 125i plus gourmandes.
Performances : suffisantes au quotidien, pas plus
109 ch sur une compacte premium de plus de 1,3 tonne, on ne va pas parler de foudre de guerre. En ville et en périurbain, la 116i 109 ch fait le job : elle démarre bien, relance correctement, surtout si l’on joue un peu avec la boîte.
Sur route et autoroute, on sent plus vite les limites :
- Les dépassements demandent d’anticiper et de tomber un ou deux rapports.
- Chargée (passagers + bagages), l’auto perd un peu de souffle, surtout en côte.
- Le mode Eco Pro peut la rendre franchement mollassonne si on abuse de la conduite « économie maximale ».
L’avantage, c’est que ce 3 cylindres aime prendre des tours et offre une sonorité particulière, un peu rauque, qui peut plaire… ou pas. On sent les vibrations typiques d’un 3 cylindres, mais BMW a plutôt bien travaillé l’insonorisation et l’équilibre général.
Si vous venez d’un vieux diesel 2.0 de 140–150 ch, vous aurez l’impression de rétrograder en performance pure. Si vous remplacez une citadine 75–90 ch, vous y verrez un vrai gain en agrément.
Consommation et usage au quotidien
La vraie force de cette 116i, c’est son compromis entre image premium et budget carburant contenu. Avec une conduite coulée, le moteur se montre raisonnable :
- Ville pure : 7,5–8,5 L/100 km selon trafic et style de conduite
- Route : 5,5–6,5 L/100 km en respectant les limitations
- Autoroute : 6,5–7,5 L/100 km à 130 km/h stabilisés
Pour une essence de ce gabarit, c’est honnête. Le Stop & Start fait gagner quelques décilitres en ville. La version boîte auto (ZF 8 rapports) peut même se montrer plus sobre que la manuelle si vous roulez beaucoup sur route et autoroute.
Dans une optique de mobilité plus durable, cette 116i a un avantage majeur sur les diesels équivalents : pas de souci de FAP encrassé, pas d’AdBlue, pas de NOx. Les émissions de CO₂ restent celles d’une essence, mais pour un particulier qui roule 10 000 à 15 000 km/an, le choix essence reste cohérent, notamment en milieu urbain.
Vie à bord : du sérieux bavarois, mais pas parfaite
À l’intérieur, on retrouve tout ce qui fait le charme (et parfois les défauts) des BMW de cette génération :
- Finition : assemblages sérieux, plastiques de bonne qualité en partie haute, quelques économies en partie basse, mais globalement solide.
- Position de conduite : parfaite pour qui aime conduire un peu « à l’allemande » ; réglages multiples, bon maintien des sièges, volant bien dimensionné.
- Ergonomie : l’iDrive est toujours une référence en termes de simplicité, même sur les anciennes générations.
En revanche, tout n’est pas rose :
- Habitabilité arrière moyenne : deux adultes y seront bien, trois c’est compliqué, surtout pour les grands gabarits.
- Coffre autour des 360 L : correct, mais inférieur à certaines rivales comme l’Audi A3 Sportback.
- Visibilité arrière perfectible, surtout avec les montants épais et la lunette inclinée.
Pour un usage quotidien, en solo ou en couple, c’est largement suffisant. Pour une petite famille, ça passe, mais si vous voyagez souvent à quatre avec bagages, il faudra être organisé.
Sur la route : le vrai ADN BMW encore présent
C’est probablement là que la 116i 109 ch se distingue le plus de ses rivales. Même avec ce « petit » moteur, on reste sur une BMW de l’ancienne école (en propulsion) :
- Direction précise, assez directe, qui donne envie de conduire plutôt que de subir la route.
- Châssis équilibré, surtout avec des pneus de dimensions raisonnables.
- Propulsion : l’arrière qui pousse, un feeling différent de la traction, surtout sur route sinueuse.
Le revers de la médaille, c’est que :
- Sur chaussée dégradée, certaines versions (suspension M ou grosses jantes) deviennent sèches.
- La motricité sur sol mouillé ou enneigé demande de bons pneus et un minimum de finesse au volant, surtout si on n’a pas l’habitude de la propulsion.
Mais pour qui aime conduire, même avec « seulement » 109 ch, la 116i reste plaisante. On n’est pas dans l’excès de puissance, mais dans le ressenti, le comportement et la précision, ce qui fait souvent plus pour le plaisir au quotidien.
Fiabilité, coûts d’entretien et points de vigilance
Le 3 cylindres B38 a globalement une bonne réputation, mais comme tout bloc downsizé, il demande un minimum de soin :
- Vidanges régulières (idéalement tous les 15 000 km plutôt que les longs intervalles préconisés) pour préserver le turbo.
- Surveiller les consommations d’huile : certaines unités peuvent en consommer un peu.
- Écouter à froid : claquements anormaux, bruits de chaîne ou sifflement de turbo sont à prendre au sérieux.
En dehors du moteur, quelques points classiques sur cette génération de Série 1 :
- Électronique : capteurs divers, capteurs de stationnement, modules de confort qui peuvent faiblir avec l’âge.
- Trains roulants : silent-blocs, amortisseurs et biellettes peuvent fatiguer autour de 100 000–150 000 km, surtout sur routes dégradées.
- Boîte auto ZF : très fiable si vidangée régulièrement (même si non prévue officiellement). À vérifier soigneusement à l’essai.
Côté budget, l’entretien en réseau BMW est plus cher que chez un généraliste, mais sur une 116i, on reste dans quelque chose de gérable, surtout si vous privilégiez un bon indépendant spécialisé. La consommation raisonnable aide à compenser un tarif de révision un peu plus élevé.
Face à ses rivales premium : Audi A3, Mercedes Classe A & consorts
Une compacte premium essence autour de 110 ch, ce n’est pas rare. Quelques concurrentes directes :
- Audi A3 1.0 ou 1.4 TFSI : plus habitable, coffre plus logeable, finition souvent un cran au-dessus. En revanche, le toucher de route est plus neutre, moins joueur. Les blocs TFSI sont agréables mais demandent aussi un suivi sérieux (chaîne, gestion de l’huile, etc.).
- Mercedes Classe A 160 / 180 essence : ligne valorisante, intérieur moderne pour les générations récentes. Mais sur les anciennes, la position de conduite et l’ergonomie ne sont pas toujours au niveau de BMW. Comportement plus typé confort que dynamisme.
- Volvo V40 T2 / T3 : sécurité au top, confort remarquable, mais châssis moins dynamique. Le style intérieur plaît ou non, mais la voiture est très saine.
- MINI Cooper 1.5 136 ch : même base moteur, mais plus de puissance. Comportement plus vif, mais habitabilité et coffre en retrait. C’est le choix « fun » du groupe BMW.
Où se place la 116i dans ce paysage ?
- Si vous cherchez le dynamisme et le plaisir de conduite, la BMW reste dans le haut du panier, même avec 109 ch.
- Si vous privilégiez l’espace à bord et la vie de famille, une Audi A3 Sportback ou une Mercedes Classe A sera plus polyvalente.
- Si vous voulez le maximum de confort, une Volvo V40 pourra vous séduire davantage.
En résumé, la 116i joue sa partition sur le terrain du conducteur passionné qui ne veut pas forcément 200 ch, mais qui tient à se faire plaisir à chaque trajet.
Pour quel type de conducteur la 116i 109 ch est-elle adaptée ?
Toutes les compactes premium ne racontent pas la même histoire. La 116i 109 ch correspond bien à plusieurs profils :
- Le conducteur urbain/périurbain qui veut une essence fiable, maniable, agréable, sans les contraintes d’un diesel en ville.
- Le jeune actif qui veut accéder à BMW avec un budget contenu, sans renoncer au plaisir de conduite.
- Le conducteur raisonnable qui apprécie la dynamique BMW mais n’a plus envie de payer l’assurance et la conso d’une grosse motorisation.
En revanche, ce n’est pas forcément la meilleure option pour :
- Les gros rouleurs (>25 000 km/an, surtout autoroute) qui auraient intérêt à regarder du côté d’une motorisation plus coupleuse ou d’un hybride.
- Les familles qui voyagent souvent à quatre ou cinq, avec beaucoup de bagages.
- Ceux qui veulent des reprises très vigoureuses : dans ce cas, mieux vaut viser une 118i ou 120i.
Conseils pour bien choisir sa 116i 109 ch (surtout en occasion)
Si vous envisagez l’achat d’une 116i, quelques points peuvent vraiment faire la différence sur le long terme.
Boîte manuelle ou automatique ?
- Manuelle : plus impliquante, un peu moins chère à l’achat, et moins coûteuse en cas de panne. Idéale si vous aimez vraiment conduire.
- Automatique ZF 8 : ultra agréable, douce, souvent plus sobre sur longs trajets. À privilégier si vous faites beaucoup de route ou de bouchons, à condition d’exiger un historique de vidanges de boîte chez un pro.
Finition et options à privilégier
- Une finition intermédiaire ou haute (Sport, Lounge, M Sport, etc.) améliore nettement l’agrément au quotidien.
- Les phares LED ou xénon, si présents, sont un vrai plus en sécurité et confort de nuit.
- Un bon système multimédia avec navigation et connectivité rendra la voiture plus agréable et plus facile à revendre.
- Méfiez-vous des jantes trop grandes : joli look, mais confort en baisse et pneus plus chers.
À vérifier avant achat
- Historique d’entretien complet, idéalement en concession ou spécialiste BMW.
- Essai à froid puis à chaud : démarrage, bruits moteur, montée en température, fonctionnement du Stop & Start.
- État des pneus (usure régulière) et des freins.
- Test des équipements électriques (vitres, clim, multimédia, capteurs de stationnement…)
Impact environnemental et zones à faibles émissions
Dans un contexte où les grandes villes serrent la vis sur les motorisations, la 116i 109 ch a un certain avantage :
- Selon l’année, elle bénéficie généralement d’une vignette Crit’Air 1 (essence Euro 5/6), donc mieux acceptée que beaucoup de diesels Crit’Air 2 ou 3.
- Elle émet moins de particules fines et de NOx qu’un diesel équivalent, un point non négligeable pour l’air des centres-villes.
- Elle reste bien sûr une thermique classique : ce n’est pas la solution la plus vertueuse, mais pour qui ne peut pas passer à l’électrique ou à l’hybride rechargeable, c’est un compromis raisonnable.
Si votre ville ou votre métropole prévoit un durcissement des restrictions dans les années à venir, vérifier la norme Euro et la vignette Crit’Air de la voiture devient un passage obligé. Sur ce point, la 116i s’en sort mieux que la plupart des diesels de même génération.
Bilan : la compacte bavaroise pour ceux qui aiment encore conduire
La BMW 116i 109 ch n’est pas la plus rapide, ni la plus spacieuse, ni la plus technologique de sa catégorie. Pourtant, elle garde un vrai pouvoir de séduction :
- Une conduite plaisante, un châssis joueur et rassurant.
- Un moteur essence sobre pour sa catégorie, bien adapté à un usage quotidien mixte.
- Une image premium, une finition sérieuse, et des technologies encore largement d’actualité.
Face à ses rivales, elle s’adresse clairement à ceux qui mettent le plaisir de conduite au-dessus du volume de coffre ou du « wow » technologique. Pour un conducteur qui roule raisonnablement, qui veut un moteur essence moderne, compatible avec les contraintes urbaines et les ZFE, tout en se faisant plaisir au volant, la 116i 109 ch reste un choix très cohérent.
À condition de la choisir soigneusement, bien entretenue et adaptée à votre usage, cette compacte bavaroise peut encore offrir de très belles années de route, en gardant un œil sur la consommation comme sur le plaisir, sans avoir à rougir face à ses rivales premium.
