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Faut-il débrancher l’aile gauche ?

13/01/2013
Dans une interview au Parisien (6 janvier), Benoît Hamon, Ministre délégué à l’économie sociale et solidaire et à la consommation, nous fait part de sa vision de la lutte contre le chômage en nous expliquant que « si le besoin se fait sentir de recruter davantage d’emplois d’avenir que les 150.000 prévus… il faudra le faire », ajoutant, « depuis dix ans, les entreprises licencient beaucoup et embauchent peu en CDI. » Un constat qui va peut-être dans le même sens que celui du député PS de Paris Pascal Cherki qui, en guise de vœux, adressait récemment un « mépris républicain » au MEDEF.

 

 

On nous dit que le Parti Socialiste s’essaie à la social-démocratie – soit dit en passant trente ans après les autres partis socialistes d’Europe -, mais les vieux démons reviennent au galop, en particulier ceux d’un Etat moteur de la création d’emplois et de richesses. Monsieur Hamon pense-t-il sincèrement que le besoin va se faire sentir de créer massivement des emplois financés par l’Etat donc par le contribuable, alors que nous avons déjà en magasin environ deux fois plus de fonctionnaires que la moyenne européenne ? Monsieur Hamon pense-t-il sincèrement que les entreprises licencient plus qu’elles n’embauchent dans ce pays ? C’est bien mal connaître la réalité économique de la France et le monde du travail !

 

Des bancs de l’école à ceux du parlement

Mais après tout, comment ces gens qui nous gouvernent pourraient-ils savoir ce qu’est la réalité du monde du travail, là où l’on se bat pour innover, pour fabriquer, pour vendre, là où on investit parfois beaucoup d’argent pour créer des emplois ? Tous ou presque, et on ne s’arrêtera pas à Benoît Hamon, on peut citer François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Vincent Peillon, Pierre Moscovici, Manuel Valls, Marisol Touraine, Aurélie Filippetti, Delphine Batho… tous sont quasiment passés des bancs de l’école à ceux de la politique, oeuvrant ici et là en tant qu’attaché parlementaire, chargé de mission, directeur de cabinet, voire enseignant durant très peu d’années à l’instar de notre Premier ministre qui était déjà à mi-temps trois ans seulement après ses débuts de professeur d’allemand à Saint-Herbain.

La réalité la voilà : quasiment aucun d’entre eux n’a goûté aux joies d’un job dans le privé avec l’élément incontournable d’une telle pratique, la possibilité d’être licencié. Aucun d’entre eux n’a créé son entreprise, n’a risqué ses biens propres, n’a décidé d’apporter sa pierre à la prospérité du pays. Mais tous ont reçu des salaires issus des caisses de l’Etat, avant de passer aux « indemnités » de parlementaire.

Au fait, savent-ils, au moment de voter lois et décrets, comment fonctionne une entreprise, un commerce, une activité libérale ? Et l’exemple vient de haut, notre Président de la République fut une année seulement auditeur à la Cour des Comptes avant d’attaquer en 1981 une longue carrière dans les cabinets, puis à l’Assemblée Nationale, pour finir par décrocher le meilleur des CDD, son job actuel. 

Et n’allez pas croire que seuls les politiques de gauche s’adonnent à de telles activités, nombre d’élus de droite n’ont guère brillé dans le salariat privé.

 

Déconnectés ?

« Où est l’Etat ? Où est le gouvernement ? Où est le Président de la République », trois interrogations lancées aux salariés de Pétroplus en janvier 2012 par le candidat Hollande. L’effet boomerang est dévastateur, car un an après les mêmes questions pourraient être à nouveau posées : Où est l’Etat ? Où est le gouvernement ? Où est le Président Hollande ? Mais est-ce le rôle de l’Etat d’intervenir dans une telle affaire, et pourquoi ne pas évoquer une éventuelle nationalisation de Pétroplus, comme ce fut dit à Florange ? Une entreprise peut aussi disparaître parce qu’elle n’est plus en adéquation avec la demande du moment, parce qu’elle est trop chère par rapport à la concurrence, ou peut-être parce qu’elle a été mal gérée, mais on n’attend pas d’un haut responsable politique – ou qui veut le devenir – qu’il pose des questions qui forcément n’ont pas de réponses ad hoc. Les entrepreneurs, dans leur très grande majorité, n’ont pas besoin des conseils d’hommes et de femmes qui n’ont jamais eu à affronter la rentabilité, la concurrence et la mondialisation avérée et effective, ils ont juste besoin que l’Etat ne les aide pas à mourir.

Alors si quelques nostalgiques de la lutte des classes (qui d’après le journal L’Humanité (du 9 janvier) serait une réalité pour 64% des Français, contre seulement 44% en 1967 !) ont envie de faire leurs preuves, qu’ils aillent ouvrir des kolkhozes ou des coopératives ouvrières à la mode des soviets du côté de Pyongyang ou de La Havane, mais de grâce qu’ils arrêtent de taper comme des sourds sur le monde de l’entreprise tout en annonçant que l’Etat fera son devoir  en créant les emplois qui nous manquent. C’est absurde, incohérent, voire immature, car la société de 2013 n’est pas celle de 1967, pour reprendre le comparatif décalé de L’Humanité, pas même celle des années 90. 

Aujourd’hui nous avons besoin de règles plus souples, nous avons besoin d’efficacité, donc moins d’administration, moins de réglementations, nous avons besoin d’un marché du travail plus ouvert, plus réactif donc plus compétitif, et je ne pense pas que les accords signés en ce mois de janvier entre les syndicats et le patronat améliorent la situation en la matière, nous avons besoin de formations transversales et qui ne s’adressent pas aux seuls cadres de l’Administration, la France de 2013 ne pourra pas se satisfaire des emplois de monsieur Hamon car ceux-là n’ont aucune plus-value directe, ils seront d’abord, ensuite et enfin, une charge supplémentaire pour l’Etat.

Quand l’aile gauche du pouvoir demande à exister, la logique voudrait que le docteur de garde prenne la responsabilité de la débrancher. Et le docteur de garde actuellement est bien le professeur Hollande ?... 

 

J. Nimaud

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