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La retraite au son du « COR » !

27/02/2013
Quand le son du COR, ou Conseil d’Orientation des Retraites, se fait entendre dans les media c’est qu’il y a du déficit sur la partition. Et les prévisions ne sont guère sympathiques puisque le trou qui était de 5,6 milliards en 2008, puis de 10,7 milliards en 2010, pourrait passer très vite à quelque 20 milliards, c’est à se demander si la réforme Fillon sur les retraites sert à quelque chose ?

 

 

Cinq actifs pour un retraité…

Oui, mais avec une croissance de deux à trois points. Dans la situation actuelle de croissance bloquée à zéro (avec effet de stagflation) et de hausse continue du chômage, les cotisations rentrent moins efficacement, d’où l’accentuation du déficit du régime général. Mais il faut aussi reconnaître que nous jouons avec le feu, car baser la pérennité de notre système de retraite par répartition sur la seule croissance est au demeurant un exercice de haute voltige à risque élevé.

Souvenons-nous que lors de la création de ce système il y a un peu plus de soixante ans, nous comptions quasiment cinq actifs pour un retraité, et ce dernier ne touchait pas une pension de cadre des années 2000.  Aujourd’hui, le compteur est à 1,4 actif pour un retraité et nous serons d’ici à 2020 à un pour un. Comment un salarié qui gagne 1.500 euros par mois pourra-t-il financer la pension d’un retraité qui touche 2.200 euros mensuels ? Et je ne rentre pas dans le débat qui oppose public et privé avec pour les uns des départs en retraite beaucoup plus tôt et avec de meilleures pensions et des cotisations inférieures durant les années de travail. C’est un autre problème, qu’il faudra bien régler un jour, ne serait-ce qu’au nom de l’équité entre les citoyens.

 

Jusqu’à 65 ans

En fait, les 62 ans de la réforme ne suffiront pas, et ceux qui étaient farouchement opposés à celle-ci sont désormais aux commandes du pays, ils vont devoir expliquer à leurs électeurs pourquoi il faudra encore repousser l’âge de départ en retraite. Et on sait que 65 ans n’est pas du domaine de la science-fiction. Nous n’y échapperons pas, il en va de la survie de la répartition, système remarquable tant que l’équilibre est préservé entre cotisants et bénéficiaires.

A moins de vendre nos vieux au Qatar, nous n’avons pas beaucoup de marges de manoeuvre : augmenter les cotisations, baisser les pensions ou reculer l’âge de départ en retraite.

La première solution serait néfaste pour le coût du travail donc pour l’emploi, la seconde est impensable pour nombre de petits retraités et mettrait dans la rue même ceux qui perçoivent trois, quatre ou cinq mille euros mensuels. Que nous reste-t-il ?...

La retraite à 65 ans pour tout le monde, privé comme public. 

Il y a urgence à rééquilibrer les comptes, faute de quoi nous atteindrons les 100 milliards de déficit avant une trentaine d’année.

Bien sûr, les plus optimistes rétorquent qu’à partir de 2040, nombre de baby-boomers vont disparaître, mais à un cotisant pour un pensionné cela ne suffira pas à mettre de l’ordre dans les comptes si rien ne change sur la durée de cotisation : nous vivons de plus en plus vieux, on ne peut imaginer un système où on passerait autant de temps à profiter d’une pension qu’à cotiser, en moyenne évidemment, les centenaires resteront des cas à part pour encore longtemps.

 

Encore le meilleur système

Il faut le répéter, le système de retraite par répartition est encore le meilleur, notamment face aux aléas économiques et boursiers. Mais ne perdons pas de vue que les pensions représentent aujourd’hui 15% du PIB, soit environ 300 milliards d’euros chaque année. On imagine facilement qu’avec un chômage qui grimpe, une économie qui fait du surplace et des entrées en retraite massives chaque année, ce n’est pas en désindexant les pensions par rapport à l’inflation, comme vient de l’évoquer le gouvernement, que l’on sauvera le système d’une banqueroute annoncée. Cela peut mettre trois milliards dans les caisses, au mieux, alors qu’il en faut vingt.

Très vite il va falloir travailler sur plusieurs pistes. Certes le départ à 65 ans, mais aussi, et urgemment, en amont, c’est sur l’emploi qu’il faut agir, l’emploi privé, celui qui rapporte des richesses à la collectivité. Nous devons absolument tout mettre en œuvre pour débloquer cette situation qui n’a que trop duré, et tous les pouvoirs depuis vingt ans, de gauche comme de droite, sont responsables : à chaque fois que l’Etat et les collectivités dépensent et embauchent au-delà du raisonnable, ce sont nos emplois qui sont en danger parce qu’ils vont coûter plus cher.

Enfin, la dernière piste, la plus audacieuse et la plus casse-gueule peut-être pour les politiques, consisterait, à l’instar de ce qui se fait dans certains pays, Danemark, Pays bas, Irlande, à verser une retraite dite de base qui serait la même pour tout le monde, chacun assurant un meilleur service selon ses revenus par capitalisation. Et qu’on ne nous dise pas que la capitalisation est réservée aux riches capitalistes, les fonctionnaires l’utilisent à travers Préfon-retraite, sorte de rente basée sur le montant des cotisations versées. Placement par ailleurs défiscalisé.

Quoi qu’il en soit, il faudra bien se décider à tout mettre à plat avant la prochaine décennie. Et prenons garde de ne pas jeter l’opprobre à la tête des politiques, c’est notre affaire, elle nous concerne tous, nous devrons comprendre que nous ne pouvons plus utiliser le système de la même manière qu’il y a trente ou quarante ans. Ce n’est pas avec une nouvelle couche d’égoïsme et de chacun pour soi que nous règlerons l’addition. 

 

J. Nimaud

 
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