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Hollande veut vendre les bijoux de la couronne

08/05/2013
« Nous envisageons que dans un certain nombre d’entreprises publiques où le taux de participation de l’Etat est très important, nous puissions dégager une partie pour financer de l’investissement. Pas pour boucher les trous du budget. »

 

 

Jean-Marc Ayrault a surpris tout le monde en annonçant ce projet de revente d’une partie des actions des entreprises publiques, le jour où la gauche de la gauche était dans la rue pour réclamer « plus d’Etat ». Mélenchon et les syndicats sont en pétard, et le mot est faible. Est-ce une provocation ou une maladresse ? Qu’importe. Après tout on ne va pas critiquer une action qui peut aller dans le bon sens, même si on sait que l’argent qui sera récupéré servira surtout à boucher quelques trous en formation.

 

Quels investissements ?

Ces dernières semaines, le gouvernement a déjà cédé 3% de sa participation chez l’équipementier aéronautique « Safran », dégageant ainsi 448 millions, après avoir vendu en interne 1,58% de EADS, ce qui a rapporté 428 millions. L’Etat a-t-il utilisé ces fonds de près d’un milliard pour quelques investissements urgents ? On peut en douter.

Rappelons que l’Etat est actionnaire majoritaire ou minoritaire dans un certain nombre de très grosses entreprises, citons Renault, Air-France-KLM, EDF, GDF-Suez, Thalès, EADS, Areva, La Poste, la Française des Jeux, Aéroports de Paris, la RATP, le GIAT, France Télécom, la SNCF…On imagine les dizaines de milliards qui pourraient tomber dans l’escarcelle de l’Etat en cas de vente massive de tout ou partie de sa participation dans ces fleurons nationaux.

« Ce n’est pas le retour des privatisations » s’est empressé d’ajouter Jean-Marc Ayrault, peut-être en référence à l’ère Jospin. Mais il n’en demeure pas moins que c’est bien un gouvernement de gauche, et un Président de gauche qui annoncent ces allègements de participation de l’Etat dans ces entreprises qui, parfois, sont des symboles de la force publique si chère à cette même gauche. Il sera intéressant de surveiller les réactions du Front de Gauche, des syndicats, des Verts et même d’une partie du PS, au coup par coup à chaque vente, et par là même, de suivre la destination de l’argent ainsi récupéré… pour des investissements.

 

Et du culot en plus !

On l’a dit, cette annonce qui intervenait au moment où se terminait le meeting du Front de Gauche à Paris, ne manquait pas de sel, voire d’humour. Surtout que le Premier Ministre ajoutait dans la foulée, sans doute en réponse aux propos de Jean-Luc Mélenchon fort sévères envers sa politique, « Il n’y a pas d’austérité, c’est une invention de propagande ». Là, le Premier Ministre nous a gratifiés de la mesure-étalon du culot, car c’est bien le même homme, ce sont ses amis y compris le futur Président, qui, durant toute la campagne de 2012, ont martelé de meeting en meeting et de plateaux télé en studios de radio, que la France n’en pouvait plus de l’austérité ! Comment cette même austérité a-t-elle pu disparaître des écrans radar depuis le 6 mai 2012 alors que la France a vu sa situation empirer mois après mois ? Ou il n’y avait pas d’austérité sous Sarkozy et ils ont menti durant toute la campagne, ou nous sommes toujours en période d’austérité, et c’est maintenant qu’ils mentent…

Apparemment, la décision de la Commission Européenne d’accorder deux ans supplémentaires à la France pour mettre de l’ordre dans ses dépenses, avait redonné du moral au Président et à son Premier Ministre. D’où la réponse à Mélenchon sur « l’invention de propagande » à propos de l’austérité.

Mais patience, elle arrive, elle arrivera forcément, car en 2014 nous serons à 57% (du PIB) de dépenses publiques, de quoi effrayer pas mal de nos soutiens financiers actuels… et les pauvres contribuables que nous sommes. Et si nous sommes obligés d’emprunter à 5 ou 6% sur les marchés pour faire tourner le pays, les Français sauront très vite ce qu’est la véritable austérité, celle que connaissent déjà les Espagnols, les Portugais et les Grecs. Et ce jour-là, les entreprises publiques seront toutes à vendre d’urgence !

 

J. Nimaud

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