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Hollande le Gaulois sans potion magique…

03/06/2013
« La Commission n’a pas à nous expliquer ce que nous avons à faire », la volée de bois vert de François Hollande envers les recommandations de Bruxelles sur le dossier des retraites était davantage un marquage politique qu’une véritable appréciation anti-européenne. Un vent de fronde souffle chez les Gaulois, et notre Président se verrait bien en Astérix pourfendant l’envahisseur. Problème, personne ne pourra lui administrer la fameuse potion magique qui permet au plus fluet de la tribu de devenir Biscoto 1er !

 

Soyons contre « les autres »

Afin de rassurer son parti, son électorat, ses alliés turbulents, on ne sait plus qui en fait, François Hollande décide de s’attaquer à cette Europe qu’il a tant plébiscitée par le passé, à jeter l’opprobre sur cette Commission si chère à Jacques Delors, qui a dû apprécier au passage. Comment ose-t-on nous donner des conseils à nous autres Français, champions du monde des gaspillages, de la dépense publique et de l’immobilisme gravé dans le marbre ? Seuls contre tous nous vaincrons, mondialisation ou pas.

Il est vrai que nous vivons toujours en 1963, quand on cachait la bouteille de Chianti au fond du coffre de la Simca après un séjour en Italie ou les deux tablettes de chocolat achetées à Genève. Le soir on allumait la télévision en noir et blanc à une chaîne, le poste était français, un Ducretet –Thomson acheté deux mille francs, ou on écoutait Mouloudji sur le Teppaz, et lorsqu’il était 22 heures à la montre Lip, tout le monde au lit. Je vous le dis, rien n’a changé, nous sommes entre nous avec nos produits, nous ne connaissons pas le chômage, nous avons quatre salariés pour un retraité, et nos cinq millions de paysans assureront le couvert avec leurs produits frais…

Quelle folie de laisser croire, juste pour calmer une grogne qui s’amplifie, et parce qu’il y a des élections importantes dans neuf mois, les municipales, que rien ne changera, que les acquis sont acquis pour l’éternité, que les riches devront casquer, que la crise n’est rien d’autre qu’une guerre que le libéralisme sauvage nous a déclarée, et qu’il est temps de décréter la mobilisation des forces actives du pays afin de bouter l’occupant (libéral) hors de nos frontières.

Pourtant, c’est bien le même homme qui, quelques jours auparavant, vantait le modèle allemand lors des 150 ans du SPD et en présence de Mme Merkel. Comment peut-on changer de discours à ce point en moins d’une semaine ? Quel est le signe envoyé aux milieux économiques, ceux qui, vaille que vaille, feront ou pas notre prospérité future ? 

 

Un cap bien défini !

On parle du moral des Français en berne à cause de la météo, mais la pluie et le beau temps ne font pas tout, les Français ne savent pas où on veut les emmener. Certes beaucoup ne veulent pas comprendre, ou ne veulent rien changer, mais ils sont minoritaires, ils sont à la gauche du PS et au Front de gauche. Les autres, une large majorité, attendent un cap bien défini, des mesures nécessaires, ils attendent que l’on brise enfin les tabous et les dogmes pour entrer enfin dans le 21ème siècle, celui de la mondialisation. Car cette dernière nous est imposée par l’ouverture globale, nous ne l’avons peut-être pas souhaitée ainsi mais il faut faire avec et se donner les armes adéquates pour y être performants. Il ne suffit pas de vanter le modèle industriel allemand pour faire un bon mot puis rentrer dans son bunker afin d’y préparer un camouflet destiné au gouvernement de l’Europe, qui, après tout, n’est qu’une potiche ou un paillasson sur lequel on va s’essuyer les pieds. On dirait du Marine le Pen dans le texte !

Il y a quelques jours, Fleur Pellerin, notre Ministre de l’économie numérique, s’en est allée à Stockholm étudier la « révolution administrative » que les Suédois ont entreprise : moins de contraintes, possibilité de créer une société en deux jours, disparition des liasses fiscales, identifiant unique pour les administrations, délais de paiement ramenés à quinze jours, et tout ça avec moins de fonctionnaires. La suite ? Eh bien elle est rentrée de Suède. Nous sommes en France, une révolution à l’identique nécessiterait au moins la création de 200.000 postes de fonctionnaires…

Il en va de même pour tout le reste. C’est la tête sur le billot que nous déciderons de réformer, mais ce jour-là que serons-nous aux yeux du monde ? Le pays du Château de Versailles, du Champagne et du Tour de France. Nous ne nous battons plus pour gagner les batailles économiques, nous préférons mettre en avant nos symboles de village gaulois résistant contre toute la planète. Exception-Land est ouvert, on va au moins faire le plein de touristes !

 

Jean-Yves Curtaud

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