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Cahuzac, le désastre de trop ?...

05/04/2013
« Je vais vous dire qui est mon adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance », c’est ainsi que François Hollande s’exprimait en pleine campagne pour la présidentielle en janvier 2012. Et après tout, pour quelqu’un qui avouait, dès 2007, ne pas aimer les riches, à savoir ceux qui gagnent plus de 4.000 € par mois, il y avait bien une certaine logique à déclarer ce « monde de la finance » comme adversaire privilégié.

 

 

Aux abris !

Un an plus tard, le monde de la finance rattrape l’ex-candidat devenu Président de la République à travers une suite d’affaires dont tout le monde se serait bien passé. 

Au moment où l’un des caciques du Parti Socialiste dans les Bouches du Rhône, Jean-Noël Guérini, sénateur et Président du conseil général, est mis en examen pour détournement de fonds publics, et où une députée PS, Sylvie Andrieux, est jugée dans ce même département pour des détournements supposés de subventions pour des associations fictives, c’est au plus près du pouvoir que les affaires tombent les unes après les autres. Après les aveux tardifs du Ministre du Budget Jérôme Cahuzac et la découverte de comptes bancaires à Singapour, c’est le trésorier de la campagne de François Hollande en 2012, Jean-Jacques Augier, qui se retrouve dans la tourmente pour, d’après les affirmations du journal Le Monde, avoir réalisé des investissements aux îles Caïmans. Cet énarque de la promotion Voltaire, celle du Président, et ex-inspecteur des finances, serait actionnaire offshore, du moins c’est ce qu’il apparaît dans une liste dévoilée par « l’International Consortium of Investigative Journalist », association basée à Washington et détentrice d’une liste de 120.000 sociétés du même type.

Vous avouerez que retrouver deux hommes très proches du Président, un ancien de l’Inspection des Finances et un ancien ministre du Budget à la « une » de telles affaires offshore n’est pas forcément du meilleur effet pour un pouvoir qui s’est fait élire sur l’équité financière et économique… et un brin sur la lutte des classes.

Bien sûr, il n’est pas interdit de posséder des actions dans des sociétés basées à l’autre bout du monde si les bénéfices sont déclarés ici en France et donc soumis à l’impôt, mais on ne peut pas demander aux Français de se préparer au pire, y compris peut-être à sacrifier une partie de leurs économies comme on l’a vu à Chypre ou jeter à la vindicte populaire les anti-patriotes genre Depardieu pendant des semaines (alors que lui, apparemment, n’a pas rien caché au fisc) et se faire prendre les mains dans le pot de confitures.

Ce n’est pas l’affaire Cahuzac, voire celle émergeant et concernant le trésorier de campagne de François Hollande qui posent problème à elles seules, c’est le contexte dans lequel elles débarquent qui risque de jouer les caisses de résonance : n’oublions pas qu’en face du pouvoir actuel, en face et plus dans le même camp, un certain Mélenchon est quasiment prêt à tout faire exploser, pourvu qu’on lui laisse une mèche et une allumette. Et il ne fait aucun doute que sur ce terrain-là, il trouvera une alliée de circonstance (et ex-adversaire directe en juin dernier), Marine Le Pen, dont par ailleurs l’un des proches était aussi un proche de monsieur Cahuzac !

On sait qu’il suffit parfois d’une étincelle pour mettre le feu, l’étincelle de trop peut-être, l’affaire un peu banale au départ, mais qui devient petit à petit le catalyseur d’une fronde incontrôlable en devenir.

On parle déjà de l’urgence d’un remaniement, on ferait mieux de songer à l’urgence d’une remise à zéro des compteurs qui se sont emballés depuis l’été. La seule véritable interrogation concerne finalement la capacité du Président de la République à remettre de l’ordre dans ce désordre, mais on peut sincèrement en douter après cette succession de désastres politiques. 

Et que dire de l’image que nous donnons à l’étranger, plus particulièrement à nos partenaires de l’Europe du nord qui déjà sont disposés à nous faire basculer dans le camp des sudistes, celui de ceux qui dépensent sans compter l’argent du ménage et qui sont les champions de la corruption. Nous avons tout à perdre à rester dans ce camp-là, que faudra-t-il donc de plus pour qu’enfin les Français le comprennent ?... 

 

J. Nimaud

 

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